Les enfants hypersensibles
En observant votre enfant vous avez remarqué qu’il réagissait fortement à son environnement, vous le voyez grandir et évoluer et vous vous posez certaines questions. Peut-être avez-vous remarqué qu’il ne supporte pas les bruits stridents, qu’il peut rapidement s’agacer s’il a faim ou soif, qu’il se plaint souvent des étiquettes de ses vêtements ou qu’il pleure facilement. Vous avez peut-être associé ce comportement à sa jeunesse ou bien a de l’immaturité… Et si votre enfant était hypersensible ?
Avant toute chose sachez que l’hypersensibilité n’est ni un trouble, ni une maladie et n’a donc pas besoin d’être traitée, c’est un tempérament ! Selon Elaine Aron, une psychothérapeute américaine qui est selon moi LA référence, l’hypersensibilité est un fonctionnement inné et probablement héréditaire. Entre 15 et 20% de la population est hypersensible.
Qu’est-ce qui distingue un enfant hypersensible ?
Un enfant hypersensible a un système nerveux qui va plus rapidement réagir aux stimuli de son environnement comme les sons, les lumières, les odeurs ou encore les humeurs des autres personnes qui l’entourent. Il va ressentir les choses plus profondément et expérimenter le monde plus intensément.
Il a un grand sens de l’observation et une pensée en arborescence, il voit tout, chaque petit détail… Une pensée en arborescence est une pensée en réseau qui se déploie dans plusieurs directions simultanément, à grande vitesse et sans limites. Il peut réagir de manière excessive et être plus facilement nerveux car il va être stimulé plus rapidement que les autres enfants par ce qui l’entoure.
Elaine Aron distingue 4 traits pour identifier un hypersensible. Pour cela elle utilise l’acronyme DOES.
- D pour « Depth of Processing » : c’est la capacité de traiter l’information plus en profondeur. Un enfant hypersensible est très curieux, il va poser plus de questions et plus régulièrement pour aller au fond des choses. Il pourra se poser des questions sur le sens de la vie, la mort… Il va être précis dans le choix de ses mots. Un enfant hypersensible peut faire un choix sans savoir ce qui l’a mené à cette décision, c’est ce qu’on appelle l’intuition. Mais il a également de la difficulté à faire un choix parce qu’il va envisager toutes les hypothèses et les possibilités avant de se décider. Il pourra sembler en retrait face à une situation nouvelle ou face à la rencontre de nouvelles personnes car il aura besoin d’un moment pour observer.
- O pour « Overstimulation » : c’est l’hyperstimulation du système nerveux. Un enfant hypersensible va être hyperstimulé aussi bien par des stimuli externes comme un son strident, une lumière vive, un vêtement en laine qui gratte, un aliment aigre… que par des stimuli internes comme la sensation de faim ou de soif, une contrariété, une frustration… Cette hyperstimulation peut entraîner des réactions fortes qui sont souvent incompréhensibles par l’entourage.
- E pour « Emotional Reactivity » : c’est une réaction émotionnelle intense aussi bien aux expériences positives que négatives. Par exemple, trop de joie ressentie pour une surprise va entraîner un débordement émotionnel important. Le E est aussi pour « Empathy », c’est-à-dire la capacité à comprendre les émotions et les sentiments d’une autre personne.
- S pour « Sensing the Subtle » : c’est la capacité à décoder les subtilités de l’environnement. Avec des sens plus développés et plus sensibles et un grand sens de l’observation, un enfant hypersensible va remarquer et percevoir des choses que la plupart des autres enfants ne verront pas. Par exemple, un enfant hypersensible va remarquer des changements effectués dans une pièce, même minimes ou encore il va refuser de dire bonjour à quelqu’un parce qu’il aura remarqué un changement de ton dans la voix de cette personne.
Comment aider son enfant hypersensible dans un monde hyperstimulant ?
La société dans laquelle nous vivons n’est pas toujours adaptée à des enfants hypersensibles et il est nécessaire de leur apporter des clés essentielles pour qu’ils s’épanouissent. Voici quelques conseils que j’applique moi-même avec mon enfant.
- Écoutez : soyez attentif et à l’écoute de ce que votre enfant exprime. Il est votre meilleur guide. Ne remettez pas en question ses ressentis même s’ils vous semblent incompréhensifs. Un lien de confiance fort s’établira alors entre vous. Il saura qu’auprès de vous il peut être écouté et accueilli dans ce qu’il vit.
- Exprimez vos émotions : cela est important pour tout d’abord lui montrer l’exemple. Établissez un petit rituel en famille où chacun exprime ses émotions dans l’instant et ses besoins. Ensuite, cela lui permettra de faire la différence entre l’émotion qui lui appartient ou pas. Un enfant hypersensible est une vraie éponge émotionnelle et il est important de l’accompagner rapidement à faire cette distinction.
- Changez votre perception : prenez un moment pour analyser vos croyances sur l’hypersensibilité. Est-ce que pour vous l’hypersensibilité est une faiblesse, surtout chez un petit garçon ? Est-ce que vous l’acceptez mieux chez votre fille que chez votre garçon ?
- Rassurez-le : un enfant hypersensible a beaucoup de peurs et il a besoin de plus de présence. Il ne s’agit bien évidemment pas de le surprotéger mais de lui apporter une attention particulière dans certaines expériences et une présence aimante et bienveillante.
- Acceptez-le tel qu’il est : ce qui est bon pour vous ou pour son frère par exemple, ne l’est peut-être pas pour lui. Un petit garçon hypersensible préférera des sports moins agressifs que le football ou le rugby par exemple.
- Soyez patient : dans certaines situations, il faudra faire preuve de compréhension et de patience. Jusqu’à il y a peu de temps, mon fils ne pouvait pas monter dans un manège. Le bruit, la foule, la vitesse c’était trop. Il en avait très envie mais je savais que j’allais devoir arrêter le manège 5 secondes après le départ. Maintenant il peut s’amuser sans avoir peur.
- Développez son autonomie : un enfant hypersensible a, encore plus que les autres, besoin qu’on l’accompagne vers plus d’autonomie (émotionnelle, physique, psychique et sociale). Cette autonomie va lui permettre ne pas calquer ses comportements ni ses émotions sur ceux des autres.
En cas d’hyperstimulation, je fais quoi ?
Malgré tout l’amour et toute l’attention que vous pourrez accorder à votre enfant, il y a des situations où votre enfant se sentira dépassé et en réaction. Que faire dans ce cas là ? 10 idées pour l’aider à s’apaiser.
- Lire un livre. Prendre un moment au calme pour lui lire un livre est un bon moyen de retrouver son calme après une journée intense.
- Écouter de la musique. Une musique relaxante, de la musique classique ou encore une musique joyeuse permettra de se relaxer et de se concentrer sur autre chose.
- Méditer. La méditation est également accessible aux enfants et cela peut devenir un moment de partage en famille. Pendant quelques minutes, accompagnez-le avec votre voix à se concentrer sur sa respiration et à détendre son corps. Il y a de bons livres ou applications sur ce sujet. Par exemple, le livre de Eline Snel – Calme et attentif comme une grenouille -est devenu le best-seller de la pleine conscience pour les enfants.
- Jouer à des jeux de construction. C’est un très bon moyen de se calmer. Construire, créer et imaginer permettent aux enfants de se détendre.
- Dessiner. Utilisez le dessin pour aider votre enfant à exprimer ses émotions et à se libérer d’un trop-plein.
- Passer du temps avec votre animal de compagnie. Un animal de compagnie est un véritable ami plein de compassion et d’amour inconditionnel. Profitez de sa présence bienveillante.
- Aller marcher. Prenez un moment pour aller marcher en forêt, dans un parc ou au bord de la mer. La nature est un puissant moyen pour se ressourcer.
- Se faire masser. Si votre enfant aime ça, le toucher peut le rassurer et le calmer. Mais ne le forcez pas, c’est un enfant hypersensible et il n’aime peut-être pas le contact surtout en situation d’hyperstimulation.
- Prendre un bain. Il y a parfois des moments où seul un bain moussant peut permettre de se détendre.
- Se câliner. Étreindre votre enfant et l’asseoir sur vos genoux est l’un des outils les plus puissants pour l’apaiser.
Vos partages de conseils et d’expériences sont les bienvenus au bas de cet article. Et si vous avez aimé cet article, partagez-le ! 🙂
Merci pour cet article qui me donne de nouvelles hypothèses pour mieux comprendre et gérer ma fille 🙂
Je n’ai pas ressenti cela dans les autres articles que j’ai lu de vous, mais connaissez-vous le concept de BABI et si oui qu’en pensez-vous?
Sinon pour moi la seule chose qui me gêne quand je lis ce genre d’article c’est que je ne sais pas à quel âge ça s’applique. Ma fille a 16 mois et c’est bien sûr très différent de l’accompagner à 6 mois, ça le sera encore à 2 ans etc.
Merci Antonine pour votre commentaire. Je connais le concept BABI de nom, mais je ne me suis pas encore penchée sérieusement sur le sujet. Je crois que c’est une belle piste à explorer pour aider les parents. Je mets cette idée dans ma liste d’articles à écrire. 🙂 En effet, les articles que j’écris concerne plus les enfants que les bébés. Promis je vous répondrai à ce sujet par un article spécial bébé. 🙂
Merci, merci et MERCI, en plein questionnement et recherches d’idées pour apaiser notre fils, les trois quart des descriptions de votre article collent avec « ce que nous vivons actuellement » avec notre fils de 4 ans…. Nous allons appliquer vos conseils..Merci beaucoup! Tres belle journée à vous.
Idem
Beaucoup d’écrits sur l’hypersensibilité adulte et peu sur les enfants, à mon sens. Pourtant le quotidien, avec un enfant hypersensible remue tellement les parents que nous sommes. Chercher à accompagner sans se perdre aussi, vouloir accueillir sans s’user dans un monde (surtout avec l’école) où tout peut devenir source de tsunami émotionnel. Trouver vraiment comment aider cet être faible et si fort à la fois. Merci de votre article
Merci pour cet article récapitulatif !
Mes enfants, maintenant ados, semblent être hypersensibles.
Je leur dit qu’ils peuvent en faire une force :
http://adolescence-positive.com/transformez-hypersensibilite-enfant-force-recommandations/
C’est surtout pour l’école que c’est vraiment compliqué, se lever, se préparer, respecter les horaires et comme vous le citez chez nous c’est « un véritable tsunami » jusqu’au départ… Donc, je me demande …pour un enfant hypersensible, serait-il plus adapté d’aller dans une école plus « sensible, plus proche d’un enfant hypersensible » mais est ce que cela existe… parce que les jours ou il n’y a pas « toute cette préparation et devoir d’aller à l’école », nous sommes beaucoup moins « dans ce stress »…. je cherche des solutions… si vous avez des infos, des idées, je suis preneuse…
Merci pour votre commentaire Géraldine. Une école plus adaptée serait le rêve… Les écoles alternatives peuvent être une solution à envisager mais à défaut je vous partage ce que j’ai mis en place.
J’anticipe au maximum. On prépare le cartable, le goûter, les vêtements … pour ne pas avoir à préparer tout ça le matin et pour être plus détendu. Je le fais aussi pour moi pour ne pas être trop stressée.
Ce qui nous aide bien dans la gestion du temps c’est un timer. Selon l’âge de vos enfants vous pouvez l’aborder comme un jeu et participer aussi.
Concernant l’école, un rdv avec l’enseignant peut être utile pour informer sur le fonctionnement de votre enfant. Certains enseignants seront attentifs à vos remarques et d’autres non malheureusement. N’oubliez pas que votre enfant hypersensible est une vraie éponge émotionnelle et que nous devons aussi apprendre à exprimer nos émotions, à calmer nos propres tensions pour l’aider. Cette vision m’a beaucoup aidée.