Apprendre à être tranquille et silencieux
Au point de vue du développement individuel et pour ceux qui sont encore au commencement du chemin, savoir se taire devant ce que l’on ne comprend pas est l’une des choses qui aiderait le plus dans le progrès. Savoir se taire, non seulement extérieurement, ne pas prononcer de paroles, mais savoir se taire au-dedans, que le mental n’affirme pas son ignorance avec outrecuidance comme il le fait toujours, qu’il n’essaye pas de comprendre avec un instrument qui est incapable de comprendre, qu’il sache son infirmité, et qu’il s’ouvre simplement, tranquillement, attendant que le moment soit venu pour lui d’avoir la Lumière, parce que c’est seulement la Lumière, la Lumière vraie, qui peut lui donner la compréhension. Ce n’est pas tout ce qu’il aura appris ni tout ce qu’il a observé ni toute la soi-disant expérience qu’il a de la vie, c’est quelque chose d’autre qui le dépasse complètement. Et avant que ce quelque chose d’autre — qui est l’expression de la Grâce — ne se manifeste en lui, si, très tranquillement, très modestement il se tait et n’essaye ni de comprendre ni surtout de juger, les choses iraient beaucoup plus vite.
Le bruit que tous les mots, toutes les idées font dans la tête est un bruit assourdissant qui vous empêche d’entendre la Vérité si elle veut se manifester.
Apprendre à être tranquille et silencieux… Quand on a un problème à résoudre, au lieu de remuer dans sa tête toutes les possibilités, toutes les conséquences, toutes les choses possibles qu’il faut faire ou qu’il ne faut pas faire, si l’on reste tranquille avec, si possible, une aspiration de bonne volonté, un besoin de bonne volonté, très vite la solution vient. Et comme on est silencieux, on est capable de l’entendre.
Quand vous êtes pris dans une difficulté, essayez cette méthode : au lieu de vous agiter, de remuer toutes les idées, de chercher activement des solutions, de vous inquiéter, de vous tourmenter, de courir de-ci de-là dans votre tête — je ne dis pas extérieurement parce que, extérieurement, on a assez de bon sens pour ne pas le faire probablement! mais intérieurement, dans la tête —, rester tranquille. Et suivant votre nature, avec une ardeur ou une paix, une intensité ou un élargissement, ou tout cela à la fois, implorer la lumière et attendre qu’elle vienne.
Le chemin serait ainsi considérablement raccourci.
– Entretiens 1957-1958, La Mère, 5 novembre 1958